Le début et le milieu de l'histoire

 

 

Au début il y a le « coup de foudre »… ou une prise de conscience plus longue, mais dans tous les cas, il devient clair dans toutes les cellules de notre corps qu’on a envie et besoin d’être avec l’autre. Nous venons de tomber amoureux, nous avons aperçu la merveille qu’est l’autre, en soi et pour nous. « Pour nous » cela veut dire que cette personne répond à tous nos besoins. « En soi », cela veut dire que dans cet état de détente nous lui avons permis de nous atteindre, d’être elle même, de nous montrer la merveille qu’elle est. C’est l’alchimie de l’ego qui nous ouvre à la beauté de l’Etre.

 

Ca, c’est au début, un début plus ou moins long, cela dépend des gens.

 

Puis les choses se gâtent, de plusieurs manières.

 

La première est que nous restons, dans une part de nous mêmes, un enfant impuissant et apeuré et que nous recherchons un parent aimant, attentionné qui répond à nos besoins. Et nous côtoyons un adulte parfois stressé et fatigué qui doit déjà répondre à ses propres besoins et qui n’a pas toujours la patience et l’opportunité d’être le prince ou la princesse que l’autre attend. Ce moment magique tellement joyeux, doux, excitant.. nous a faire croire que le prince (ou la princesse) charmant(e) existait et nous sommes dépités et furieux, comme un enfant, de devoir en rabattre et de nous être laissés bernés… Mais nous ne nous avouons pas vaincus pour autant, nous posons des attentes sur l’autre – pour qu’il reste cet idéal entre aperçu –et le poids de ces attentes finit par dégrader invariablement la relation.

 

La deuxième est que nous décidons de vivre ensemble, créer une cellule familiale, accueillir des enfants… Que des belles choses, n’est ce pas, sauf que c’est enfermer l’amour initial dans un monde de contraintes et de contrats. Il s’agit non plus seulement d’être amoureux et de jouir de la présence de l’autre, mais il faut également se faire une place dans la société, développer le patrimoine, éduquer les enfants, entretenir des relations. Toutes ces activités servent également au passage à prouver à nous mêmes et au monde entier que nous sommes à la hauteur, ce qui demande beaucoup de tension, incompatible avec la douceur du laisser aller amoureux. On n’a plus le temps pour la relation, on considère que l’amour doit suivre, que c’est une donnée, (ce qui n’est pas faux dans la mesure où dans un premier temps - celui où on est amoureux- il est subi), on ne l’entretient pas, on lui demande de faire la voiture balai…et on s’étonne que cela fonctionne moins bien !

 

La troisième est que nous avons construit notre personnalité sur des blessures, des peurs et des croyances que les comportements de l’autre - que nous avons mis près de notre cœur et donc en état de l’atteindre – ravivent et/ou challengent. C’est comme si l’autre appuyait sur des « boutons » qui nous font invariablement réagir, nous faire nous sentir rejeté ou ignoré ou envahi ou trahi ou délaissé…. Nous traduisons souvent par « il/elle m’ignore », par exemple. Or la réalité est que le comportement de l’autre ravive une blessure ancienne, un moment enfoui dans ma mémoire où j’ai douloureusement cru qu’une personne aimée m’ignorait. Ou, si j’ai au fond et parfois inconsciemment peur d’être incompétent et que l’autre pointe souvent mes insuffisances (peut être parce qu’il est perfectionniste), à un moment cela va devenir insupportable. Ou encore, si j’ai la croyance que « vivons heureux vivons cachés » et que je vis avec une personne qui croit au contraire que « montrer nous attire la reconnaissance et la sympathie », il est fort probable que le conflit de croyance donne du fil à retordre.

Sans conscience de leur existence, les blessures anciennes, les peurs et les croyances empoisonnent la vie du couple car alors chacun rend l’autre responsable de son mal être.

 

Voilà donc trois raisons majeures qui font que les couple peuvent se faire plus de mal que de bien. Et lorsque cela revient trop souvent, ils cherchent à échapper à la douleur et pensent à se séparer. Mais la plupart, à ce stade, s’aiment encore. Et la séparation est d’autant plus douloureuse qu’il faut en plus couper le lien avec la seule personne avec laquelle on aimerait tellement le garder, si seulement cela faisait moins mal….

 

Mais comment faire ? C’est l’objet de ces écrits. Comment faire en sorte que les personnes qui vivent en couple, plutôt que de se détériorer mutuellement à force d’appuyer sur les boutons réactifs, s’aident mutuellement à se débarrasser de leurs peurs, leurs vieilles blessures, de ces croyances qui leur font du mal ?

Au fond, ce n’est pas plus difficile, c’est encore une question de croyance : Soit je crois que l’origine de mon mal être est chez l’autre, et de fait je n’ai pas d’autre choix pour faire cesser ce mal être que de quitter l’autre, d’essayer de le faire changer, ou de m’éloigner affectivement et symboliquement si ce n’est effectivement. Soit je crois que l’autre que j’aime et dont je partage la vie -  même, et surtout lorsqu’elle semble devenir vraiment difficile - est la personne la mieux placée pour me rendre à moi même et me libérer de ce qui m’encombre.

 

Ce qu’il vous faut savoir, si vous tombez sur ces lignes, c’est que le chemin est moins ardu qu’on pourrait l’imaginer, car il s’agit avant tout de voir les choses sous un autre angle… et alors tout change. Il n’est pas toujours confortable pour l’ego, c’est vrai, mais il nourrit cette part de soi qui ne demande rien d’autre que d’aimer et d’être aimé.

Et enfin, ces lignes sont pour vous, à usage personnel. Il est absolument inutile d’essayer de s’en servir pour faire changer l’autre, elles ne peuvent que vous aider à changer votre regard, pas celui de votre conjoint(e). La bonne nouvelle est que cela suffit pour que la relation redevienne fluide et savoureuse.