L'autre me permet de me voir en entier

L'autre me permet de me voir en entier

 

 Prenez une pièce de monnaie, vous ne pouvez voir en même temps le côté pile et le côté face, à moins que vous ne la regardiez face à un miroir… L’autre est le miroir de notre face cachée. Il me montre les comportements que je me suis, fut un temps, donné la liberté d'avoir.

 

Jung l’avait suggéré : A chaque fois que nous posons un trait de caractère conscient, nous « envoyons » l’exact opposé dans l’inconscient. Selon Jung, l’enjeu de la vie est de redevenir complet.

 

Autrement dit, nous avons durant l’enfance expérimenté et mis au point des comportements qui nous ont semblé efficaces pour obtenir la satisfaction de nos besoins, la sécurité, la reconnaissance et l’amour de nos parents. Nous sommes ainsi devenus, selon les personnes, des « spécialistes » du travail bien fait, du service attentionné, de la réussite, du discernement, de la bonne humeur, de la gentillesse, de la force, de la discrétion…Et nous nous sommes interdits d’avoir les comportements inverses. Dans notre système de valeur, nous les avons appelé « défauts » et leur avons donné une connotation négative pour être sûrs de ne pas être tentés de se les approprier.

Aujourd’hui nous détestons chez les autres ces comportements inverses, ces « défauts » justement, car ils remettent en cause la vision du monde sur laquelle nous avons construits notre sécurité.

 

Nous avons depuis des lustres pris l’habitude de les combattre, mais si nous changions de paradigme ?

 

Ce que me montre l’autre, c’est un comportement que je me suis, fut un temps, donné la liberté d’avoir, et que je me suis finalement interdit car je l’ai jugé inefficace et dangereux dans ma recherche d’amour et de sécurité. Mais ce faisant, je me suis restreint.

 

Plutôt que de nous agacer, démoraliser, plutôt que de laisser s’envenimer – notamment dans les couples – des disputes au sujet de comportements jugés impossibles à supporter, considérons que ce que l’autre nous montre est la partie cachée de nous mêmes. Et l’intensité de notre rejet de tel ou tel comportement est à l’exacte hauteur de la force avec laquelle nous avons refoulé, chez nous, ce comportement.

 

Prenons l’exemple de la mauvaise humeur : de nombreuses personnes, surtout des femmes d’ailleurs, se plaignent que leur compagnon soit trop souvent de mauvaise humeur, râle, voit les choses sous un angle négatif…Imaginons que plutôt que de foncer dans notre réaction habituelle face à cette mauvaise humeur, nous nous posions la question : « Que fait-il, que, moi, je m’interdis ? », en face du « trop » de ce comportement qui m’agace, qu’est ce que, moi, je ne fais pas assez ? Suis je capable en l’occurrence d’exprimer ma mauvaise humeur en face des situations qui me dérangent, mes états d’âmes changeants ? Suis je capable de passer sans jugement de la bonne à la mauvaise humeur et vice versa ? Ce que fait l’autre, c’est de me montrer toute la mauvaise humeur que je ressens, même parfois inconsciemment, et que je m’interdis d’exprimer.

 

Dès lors que j’accepte de voir en l’autre, non pas un comportement à combattre, mais une potentialité à récupérer, je redeviens entier et, surtout, je réalise que je ne suis pas « quelqu’un qui est presque toujours de bonne humeur » ou « quelqu’un qui souvent de mauvais humeur » (ou tout autre « défaut » ou « qualité ») je suis qui je suis. Point. Sans qualificatif. Qui est parfois de bonne humeur, et parfois de mauvaise humeur, selon les circonstances. Je suis au delà de mes comportements. Le fait de me voir entièr(e) (c’est à dire ce que je sais de moi et ce que l’autre me montre et qui était caché) me rend à moi même et à ma liberté d’être. Cool non ?

 

Et, cerise sur le gâteau, en adoptant un comportement plus équilibré, plus en lien avec le présent, avec les situations plutôt qu’avec les codes de conduites que je me suis fixés, je « délivre » l’autre de la tâche de me montrer ma face cachée. En clair, mesdames, exprimez votre mauvaise humeur au moment où elle monte, et votre compagnon a toutes les chances d’être globalement de meilleure humeur… encore plus cool non ?

 

Alors si ca vous tente, je vous propose ceci : A chaque fois qu’une personne de votre entourage a un comportement que vous avez du mal à supporter, posez vous simplement la question : Que fait –il (elle) que je ne m’autorise pas ? Qu’est ce qui m’en empêche ? Et si je m’autorisais, qu’est ce que ça changerait ? Et si vous avez du mal à discerner comment le comportement de l’autre vous indique ce que vous ne faites pas assez, envoyez moi un mail, je vous aiderai. Car, je vous promets, si vous commencez à voir les choses sous cet angle, votre vie et vos relations vont changer !

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