Après un moment d'absence

Bonjour à vous tous, j’ai laissé passer l’été sans vous dire un mot…en fait telle une louve je me suis terrée pour panser les plaies laissées par la mort subite de mon père qui me laisse labourée, aérée, telle une terre que l’on a travaillée, dont on a cassé les mottes, que l’on a retournée en tous sens et qui au bout du compte se sent plus meuble et… profondément changée.

 

J’ai pu observer l’existence de « parts » en moi qui vivaient et ressentaient chacune des choses bien différentes, me confortant dans l’idée qu’il existe bien plusieurs niveaux de réalité en nous-mêmes : une part qui sait que notre corps est un vêtement, qu’on évolue simultanément sur d’autres plans de réalité, une part qui a vraiment communiqué avec « l’âme » de mon père, dans les premiers temps au moins, tant que ma conscience limitée pouvait encore l’atteindre, une part tranquille donc, émerveillée même,  bouleversée par autant d’attentions « d’en haut », qui comprenait confusément mais sûrement le bienfondé de ce départ précipité. La surprise fut que cette part de moi n’a ni occulté ni calmé l’autre, la part humaine, terrienne, qui s’imaginait que son père était immortel , qui ressentait que quelque chose de l’ordre de la structure se brisait à l’intérieur, qui ne savait pas que cela faisait aussi mal, et qui était infiniment triste. Ce qui est curieux, c’est que cette part « terrienne », qui est liée au temps (puisqu’elle vieillit), trouve aussi son réconfort dans le temps. Le temps qui pourrait nous apparaître dans bien des cas comme un adversaire est aussi une bénédiction. C’est comme dans la chanson de Barbara, au mal de vivre succède un matin, sans raison apparente et petit à petit la joie de vivre. Le temps se charge de nous guérir pour peu que l’on reconnaisse la blessure et qu’on accepte de la lui confier. En tous cas, c’est ce que j’ai éprouvé, et du même coup, découvert. Je vous laisse là, à la limite, peut-être dépassée, de l’impudeur des sentiments. J’avais besoin de le poser pour continuer à vous faire partager mes réflexions et mes découvertes au fil des mois. Belle journée à vous.

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Commentaires: 2
  • #1

    isa de Bardies (vendredi, 27 septembre 2013 22:05)

    Quelle belle plume Hélène! Très touchant. Toutes mes pensées affectueuses vont vers toi. La vie est belle même si parfois bien douloureuse. Bises Isa

  • #2

    Joël Julien (jeudi, 19 décembre 2013 20:23)

    Bonjour,

    Merci pour ce partage oh combien sensible, et cette approche par touches juxtaposées, telle une peintre qui travaille sur sa toile de lin.

    Lorsque mon papa est parti, j'ai mis un an pour m'en remettre et je n'ai pas travaillé sur moi.
    Lorsque ma maman est partie j'ai mis une minute pour m'en remettre et je l'ai confiée de suite "en haut".
    Nos parents sont immortels, et de plus éternels, s'ils le souhaitent.
    Je ne doute pas que votre papa veille sur vous chaque jour de ce temps d'ici.
    Il vous accompagne et vous voit.
    Bonnes journées ensoleillées à vous.