Légèreté et lourdeur de la relation

Une des caractéristiques de la relation amoureuse à ses débuts est la légèreté : non seulement nous avons l’impression d’être aimé(e) pour ce que nous sommes, mais, en  la présence de l’autre, nous sommes fluide, gai, léger, et plein d’énergie.

Au fil des ans, ou à l’occasion d’évènements particuliers, cette même relation peut nous faire l’effet exactement inverse : elle nous plombe, elle draine notre énergie, et nous avons souvent l’impression que cela est du à l’autre : il/elle, par son comportement, sature l’air ambiant, le rend pesant et nous pouvons être emporté par cette pesanteur.

Nous n’avons de cesse, alors, d’essayer de nous extirper de cette lourdeur, de trouver des solutions pour que l’autre devienne plus léger à vivre. Avez vous observé que ces stratégies fonctionnaient ? Moi non, et l’immense majorité des personnes que je rencontre en consultation ou en stage font le même constat.

 

Et c‘est normal,  car, contrairement aux apparences, la lourdeur ne vient pas du comportement de l’autre mais de nos attentes déçues, de nos besoins non remplis et de notre résistance à remettre en cause une croyance, sur nous mêmes, l’autre ou le monde, qui précisément nous maintient dans cet état de lourdeur. Croire que c’est l’énergie de l’autre qui plombe la situation est une erreur qui nous maintient dans l’impuissance à changer les choses.

 

Oh bien sûr, j’entends déjà les protestations, les multiples preuves que, dans le cas qui vous occupe, c’est vraiment le comportement de l’autre qui est responsable ! On aimerait tous que ce soit « la faute » de l’autre, c’est tellement plus confortable ! Le problème, c’est que c’est confortable pour l’ego mais pas pour la relation.  

 

« Ce n’est pas ma faute ! » tous les enfants disent cela. Pourquoi ? car ils craignent la punition. Ce réflexe qui nous fait chercher un responsable à l’extérieur de nous n’est qu’une résurgence d’une peur enfantine, et d’une longue tradition judéo chrétienne qui promet le paradis aux parfaits et l’enfer à ceux qui on fautés, et qui a confondu responsabilité et culpabilité.

 

Il est temps de se rendre compte que nous sommes responsables, non pas de ce qui arrive, mais de la façon dont nous vivons ce qui arrive. 100% responsable. Si votre conjoint(e) vous plombe, par sa mauvaise humeur, sa dépression, son esprit négatif (ou du moins c’est ce dont vous avez l’impression), la bonne nouvelle est donc que vous avez les moyens de faire en sorte que l’inconfort cesse, sans vous épuiser à essayer de le  changer lui (ou elle) ou de gommer les conséquences de son comportement sur l’entourage, la famille…

 

Car la réalité n’est pas que votre conjoint est négatif, agressif , dépressif ou boudeur, mais qu’il l’est parfois, que vous l’avez enfermé dans une « identité », et que vous ne voyez plus que cela. Prenons l’exemple d’une personne habituée à se refermer sur elle même lorsqu’elle subit une frustration. Disons en langage courant qu’elle « fait la gueule ». Il ne s’agit pas de nier le fait qu’elle le fasse, ni que ce soit son moyen privilégié d’exprimer son mécontentement. Le problème survient si vous ne le supportez pas. Car, dans ce cas, votre intolérance (au sens alimentaire et non moral : incapacité à supporter) à son comportement déclenche chez vous un comportement et des pensées qui alimentent le comportement détesté chez l’autre. C’est un cercle vicieux.

Pour briser ce cercle, il est nécessaire d’aller voir chez vous quel « bouton » est activé par le comportement de l’autre, c’est à dire d’aller mettre de la conscience sur les peurs, les blessures et les croyances de la part de vous qui réagit aussi fortement au comportement de l’autre. Et de vous poser parallèlement la question : comment seriez vous, comment serait votre relation si vous aviez la capacité d’en rire, ou d’y être indifférent(e) ? Elle serait plus tranquille, votre conjoint serait comme il est et vous pourriez continuer à l’aimer sans vous répéter que c’est insupportable. Vous seriez aussi bien plus présent(e) à la relation, à ce dont vous avez vraiment besoin, à ce que vous pourriez faire pour y répondre, sans essayer de contraindre votre conjoint. En étant présent à la relation, on est aussi présent à l’autre, et ce simple fait améliore tout. Or, lorsque l’un de nos boutons est activé – ce qui se vérifie dès que le comportement de l’autre déclenche des émotions désagréables, une réaction, une volonté que ce comportement cesse – on n’est plus en lien avec la personne mais avec le mythe de ce que nous voudrions qu’elle soit.

 

Le jeu en vaut donc la chandelle. Vous découvrirez dans les articles suivants comment faire…